-Ai-je tort de vouloir assurer ma vie et celle de ma sœur ? Dit-elle.
-Non. Concéda-t-il mais tu devrais t'y prendre autrement et puis es-tu sûre de l'authenticité de ce titre ?
-Oui Mario, un historien de l'université de Tel- Aviv, Moshe Kowen l'a attesté, cet acte remonte au règne de Baudouin de Boulogne à Jérusalem en 1100.
-Un titre donné par des Croisés n'est pas du tout valable, fit vivement Marwan père.
La jeune femme reprit sèchement :
-Les Israéliens ne contesteront pas ce titre, c'est un fait, que vous le voulez ou non !
-Un titre vieux de mille ans, observa dubitatif son ami, l’épreuve du temps a annulé la validité de ce droit de propriété.
-Bien, au contraire. Protesta Patricia, ce titre démontre qu'il jouit d'une validité historique et que la propriété en question a été usurpée par ceux qui se sont rendus maître de Jérusalem par la suite.
Et inflexible, elle ajouta :
-Ce titre, je l'ai héritée et j'ai l'intention d'avoir ce rez-de-chaussée!
-Soyons réalistes, fit l'Américain. Admettons que cet acte de propriété soit vrai, tu es bien obligée moralement d'accepter que Marwan père et fils soit dommageables??
-Oh toi et ton réalisme ! Mon avocat ne m'a pas dit cela, ces arabes occupent mon bien...
Le vieux Marwan lui coupa la parole :
-Jérusalem est arabe, madame, vous êtes dans votre tort. De toute manière nous comparaîtrons devant le tribunal. Il n'y a plus rien à ajouter. Au cas où vous changerez d'avis, vous savez où nous trouver.
Son fils le soutenant par l'épaule, ils partirent d’un pas ferme.
- Bravo tu t'es bien payé ma tête! Eclata Patricia Quimbo.
-Tu n'es ni une sentimentale ni une sans cœur et pourtant tu es là à jouer un rôle qui ne te va pas du tout.
Stupéfaite, elle reprit le ton dur:
-Que me reproches-tu ? Parles !
-Tout Patricia ! Tu te comportes avec ces arabes comme s'ils n'étaient rien ou presque, des pierres à écarter de ton chemin, je ne te reconnais pas.
-Eh ! Où vas-tu ? Fit-elle surprise.
-Je vais retarder ma conférence de deux heures, histoire de m'expliquer auparavant avec toi.
Les lèvres serrés, elle le vit s'éloigner :"Pourquoi Mario tremble-t-il comme une feuille, lorsqu' il est question de gens sots et débiles ? "Se demanda-t-elle, mécontente.
En revenant s'asseoir, il dit :
-Mangeons et après discutons.
Elle expédia son repas en quelques minutes et croisant les bras sur la table, elle annonça :
-Je ne renoncerai pas, le juif Ouri Kinov veut marier son fils cet été, il bénéficie d'une préemption!
-Je voudrais savoir à quoi m'en tenir sur ce titre, peux-tu me le confier pendant quelques jours?
-Assurément mais pas plus d'une semaine, spécifia-elle.
-Ok .
-Le voici. Dit-elle en lui remettant un morceau de verre encastré dans un tissu de velours de 25cm /12cm, d'une couleur pourpre sur lequel s’étalait des lettres latines tracées, chose bizarre, symétriquement.
-Ton grand-père ne t’a t-il jamais mentionné l’existence de ce titre ? S'enquit-il. Elle secoua la tête:
- Jamais ! J'ai interrogé ses proches amis, mes tantes, son voisin et ami Constantin Nimido, tous ont eu l'air très surpris d'apprendre l'existence de ce titre de propriété.
-Bon, peux-tu reporter à quelques jours la décision d'en référer à la justice ? Lui demanda l'Américain.
L'air résolu, la jeune femme fit:
-Je devrais obtenir satisfaction. Je ne puis m’éterniser ici, la vie dans cette ville est vraiment chère. Que cet acte soit vrai ou faux, ce rez-de-chaussée est à moi!
Stupéfait, il s’exclama :
-Tu es donc prête à t'approprier quelque chose qui ne t'appartient pas ?
-Oui et puis comment expliques-tu la présence de ce bout de tissu dans les effets personnels de grand-père Ernesto?