Tales Nouvelles

Il était une fois à Prague 3 Troisième partie

Par Afaf Aniba

 

 

La dame à l’accueil se présenta à Frantz et Djaïna :

-Je m’appelle Etuna G. je suis le proviseur de cet institut, je vous souhaite la bienvenue.

Les emmenant par un sentier vers un chemin où stationnait une calèche. Le couple avait l’impression de revenir en arrière dans le temps.

Aidant sa femme à monter, Frantz s’assit en face de Etuna une femme entre deux âges qui leur sourit d’un sourire sincère. Cette dernière appréciait leur silence, pensant en son for intérieur, elle se dit “Pour une fois, nous avons une stagiére très sympathique et elle parait répondre vraiment aux critères que nous recherchons pour notre futur établissement.”

Quant au jeune couple, ils regardaient autour d’eux émerveillés, il n y avait que verdure, majestueux, sapins, buissons et animaux libres tout couvert d’une neige fraîche. Emmitouflé dans son manteau trois quart, Djaïna souriait à son mari.

Enfin parut à la fin de leur parcours un impressionnant domaine de quatre étage, ayant une allure médièvale, tour et pont pour y accéder, sitôt le passage dépassé le pont -levis se releva et là Etuna en un parfait Tchèque leur souhaita à nouveau la bienvenue tout en leur précisant :

-Ici, Djaïna je suis votre seule interlocutrice, vous aurez le plaisir de rencontrer ce soir la fondatrice de l’institut, vous avez cette journée libre, détendez-vous et dans 24h votre stage commencera. Vous trouverez le programme tapé sur votre bureau dans votre aile chère Djaïna et je vous prie tous les deux, fermez tout ce qui est technologie de communication.

Frantz et Djaïna furent conduits à leur aile par une domestique, le silence qui régnait dans l’immense demeure était impressionnant. La jeune mariée apprécia le goût raffiné de l’ameublement. Sur un bureau, elle trouva le programme de son stage.

S’installant, Frantz ouvrit l’un des portes fenêtres qui donnait sur un parc dessiné de telle façon que c’était un plaisir du regard de contempler ce tapis de neige aux touches d’un vert éclatant.

Il revint vers sa femme, celle-ci fit l’air réjoui :

-Alors qu’en dis-tu Frantz ?

-Je n’aurais pas trouvé meilleur endroit pour me reposer de la frénésie de notre civilisation, lui répondit-il.

-Nous sommes libres, que proposes-tu ?

-Si tu n’es pas fatiguée, Djaïna on se change et on va à la découverte du parc et des alentours. Lui proposa son jeune mari.

-Bien.

Un quart d’heure plus tard, ils se promenaient la main dans la main leur bottes enfoncés dans la poudre neigeuse blanche, les joues rosis par le froid, ils s’éloignèrent :

-N’as tu pas remarqué quelque chose Frantz ? Fit soudain la jeune femme.

-Je suis la seule stagiaire à être admise, à part les domestiques, je n’ai aperçu personne d’autres.

-On saura tout, ce soir.

Dés qu’il avait vu la grande demeure aux allures d’un autre âge, Frantz s’était sentit fébrile, et sur le qui-vive. L’endroit était désert, les rares domestiques qu’ils avaient aperçus étaient presque des ombres et ils passaient très vite leur chemin.

Il n’avait pas envie seulement de se promener avec sa femme mais aussi de connaître les lieux et pouvoir déterminer  un lieu refuge ou comment quitter l’île sans se faire remarquer. Pourtant, il était agité par un autre sentiment plus insistant mélange  d’attente et d’anxiété.

Perspicace, Djaïna fit :

-Tu sembles ailleurs Frantz ?

Il la regarda un bref instant puis serrant sa main, il s’enfonça avec elle dans un fourré, la neige leur tombant dans leurs cols respectifs les fit frissonner puis d’un regard entendu, ils traversèrent un bois de bout en bout à grande enjambées pour se retrouver à une pointe rocheuse surélevé de l’île.

De ce côté, il n y avait que la mer à perte de vue, les bords  étaient tout à fait invisible

-J’ai apporté ma boussole annonça-t-il et j’ai pu relevé la latitude et la longitude de cette île située à un point qui partage la mer entre le nord bordé par Sotchi la Russe et le sud par Trabzon la Turque.

Un repas complet leur fut servi dans une salle à manger sculpturale. Prenant connaissance du programme du stage, Djaïna exprima sa surprise :

-Imagine Frantz durant les mois à venir, je dois apprendre tout sur la gestion d’une pension de A à Z et du plus humble des travaux à l’éminent poste de directrice de l’établissement très select.

Il sourit à sa femme, la voir en tablier et serpilière à la main n’était pas chose commune :

-Eh bien ! C’est l’occasion ou jamais de grimper les échelons un à un.

Elle lui envoya une bourrade :

-Tandis que toi tu passeras au peigne fin l’île, n’est-ce pas ?

-Oui et non, je ne sais s’il m’est permis de quitter l’île de temps en temps, fit-il songeur.

Dehors, une nouvelle tempête arrivait. Installé près d’une porte-fenêtre, Frantz observait l’extérieur, rien ne bougeait, ni arrivée ni même apparition des animaux, tout le monde se terrait sous les boulées de neige. Le silence de l’intérieur était beaucoup plus impressionnant sauf le vent qui tambourinait sur les vitres, rien n’indiquait que le lieu était habité. Toute l’après-midi se passa ainsi puis se décidant à visiter l’immense demeure, Frantz glissa un mot à sa femme et sortit.

Djaïna absorbée dans l’étude de ses futures occupations s’était contenté de hocher la tête.

Frantz en abordant le grand escalier d’honneur fit mentalement un dessein de leur aile et de là, il partit à la découverte du grand ensemble. Les tapis anciens amortissaient ses pas et les portes fermés donnant sur le corridor l’incitaient à les ouvrir un à un non sans avoir frappé un coup sur les uns et les autres.

 

Les grandes pièces vides révélaient un riche ameublement et un goût raffiné. Tout était mis sous le signe de l’Histoire, les tapisseries de soie retracaient des épopées de l’empire Russe, particulièrement une fresque de Pierre Le Grand le montrant tenant l’ukaze de la première mairie institué en Russie impériale :” Ici, on dirait qu’on est sur un territoire Russe alors que le propriètaire est un Polonais.”Se dit le jeune Tchèque. Jusque là, il n’avait croisé le chemin que d’un seul domestique, présence furtif.

Deux salles communiquantes servaient de bibliothèque et de lieu de conférence, il parcourut les livres, la langue de mise était l’Anglais. “Un vrai méli-mélo et pourtant tout est bien rangé par thème et volume.”

La vue par contre était intéressante, elle donnait sur l’autre côté de l’île. Un vaste parc était soigneusement dessiné, et entre les arbres d’un petit bois on apercevait une étendue d’eau gelé. Et à quelque distance, un autre toit :”Normalement, c’est un appentis ou des serres.”

 “Tout me semble régulier, rien de suspect.”

A ce moment, étant sorti sur le palier, il alla vers une grande porte à double battant et tenta de l’ouvrir, en vain. Quelque part, une horloge sonna les cinq heures de l’après-midi et tout à coup au-dessous de lui, un murmure de voix résonna sous les soubassements  en vieux bois de chêne massif.

Il tenta de discerner  des mots compréhensibles, mais il échoua. Il voulut identifier les auteurs de l’échange orale, il arriva trop tard, un bruit de pas qui mourut dans le lointain le poussa à renoncer et à repartir vers l’aile de sa femme.

Celle-ci s’étant pénétrée de son nouveau rôle, commençait à s’apprêter pour le dîner et la soirée qui allait s’ensuivre.

-A ton avis Frantz qui est la fondatrice de cet institut ? Comment est-elle ? Chez nous j’ai eu beau essayé d’obtenir des informations sur elle, je n’ai réussi qu’a trouvé un aperçu très sommaire d’elle sans photo, s’enquit Djaïna.

Il fixa sa femme un bref instant puis le ton indifférent, il fit :

-Que veux-tu que je te dise ? Je suis aussi ignorant que toi nous devons patienter ce n’est plus qu’une question de minutes et nous saurons être informés.

Au plus profond de lui-même, il avait déjà une idée de l’identité de la fondatrice, il savait qui il allait voir ce soir là et il voulait rester dans le déni vis-à-vis de sa femme:”Tant qu’elle ignore tout, elle n’est pas en danger mais la veritable question que je me pose : si moi je sais, la femme drappée doit savoir aussi qui suis-je, je suis l’homme et le mari de Djaïna l’homme qui aurait dû tout oublier…”

A nouveau, ils prirent le dîner et cette fois avec la dame Etuna. Ils mangèrent de bon appétit, dehors la tempête de neige était à son apogée, le déchaînement des éléments de la nature leur parvenait assourdi dans un décor féerique. Par précaution, l’électricité avait été coupée et ils s’éclairait grâce à de gros chandeliers et de flambeaux fichés en haut des colonnes autour d’eux. Djaïna se sentait submergé par un étrange sentiment de sécurité, dans sa tête vivre trois mois dans un lieu pareil était un véritable rêve et quand ses yeux se posèrent sur son mari, elle lui sourit avec tendresse. “Avec lui, je suis tranquille!”

Frantz avait rencontré brièvement le regard de sa femme et vite il avait feint de regarder la tableau au-dessus de sa tête. Il connaissait la perspicacité de la jeune femme, elle pouvait lire facilement dans ses yeux et de cela il n’en nétait pas question.

Etuna mangeant en silence, se dérida quelque peu au dessert et voulut animer la conversation. Djaïna accepta volontiers, Frantz laissa aux deux femmes le soin d’échanger tout en réfléchissant à l’après dîner.

 

 

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