Une fois assise dans mon siège, je faisais une prière c’était le début d’un long voyage de 48 heures et la destination finale était Aldjazaïr ma patrie qui m’avait tant manqué durant trois semaines et ma famille qui guettait avec impatience mon retour !
Le chemin à parcourir entre l’hôtel Seaport et l’aéroport John Fitzgerald Kennedy était long, de ma vitre je regardais les paysages défilaient à vive l’allure, nous traversâmes le Hudson grâce à un tunnel souterrain.
En débouchant de l’autre côté, pendant un moment, le tableau uniforme de petite villa qui se ressemblaient attira mon attention, avec des minuscules jardins et l’arbre de Noël à l’entrée, je me souvins que nous étions le 1 décembre.
Nous roulâmes sur une colline au bas de cette colline s’étageait des tombes, à leurs formes je compris que c’était un cimetière catholique.
En roulant sur une nationale, je regardais derrière moi, la presqu’île de Manhattan avec ses grattes-ciels s’éloignait dans un ciel nuageux. Devant un arrêt de bus, je me détournais rapidement, les scènes indécentes que j’ai dû éviter de voir depuis mon arrivée aux Usa étaient légion. Les mœurs libres des Américains heurtaient ma sensibilité et ma pudeur de musulmane. Alhamdullillah, j’étais en route pour mon pays !
Au plus profond de moi-même, c’était un tel soulagement ce retour au pays ! Je ne pouvais comprendre et je ne comprendrais jamais la volonté de musulmans d’immigrer en terre Chrétienne et Laïque. Combattre, l’injustice et toute forme de dictature n’avait de sens que si nous étions sur notre propre terre. Et résister en terre d’Islam devrait être la raison d’être de tout musulman, néanmoins je dois respecter le choix de certains d’entre nous qui ont préférés s’exiler volontairement.
En approchant de l’aéroport, je fis mes adieux à ma collègue Jordanienne et Koweitien en leur souhaitant un bon retour à leurs pays tout en insistant en anglais sur cette phrase : « We keep in touch In Shâa Allah. »
Ma sœur Tunisienne Sara me dit en me souriant :
-Moi, je ne te quitterai qu’au moment où tu iras à la salle d’attente.
-Oh ! Je ne voudrais pas te retenir outre-mesure ma chère Sara, il suffit que je donne mes bagages et pour le reste, je m’en sortirais.
-Pas question, j’ai décidée de te suivre jusqu'à la dernière étape, histoire de me rassurer sur toi. M’avait répondu ma chère sœur Sara.
Devant le terminal B, le bus s’arrêta. D’un dernier signe de la main, j’avais fait mes adieux et je descendis. Sur le trottoir, le chauffeur tirait mes deux valises. Sara fit rouler la grande et moi la petite valise. En nous rendant vers la salle de réservation, une file de voyageurs s’allongeait jusqu’au dehors :
-Que faire Sara ?
-Attends, une minute. M’avait-elle dit.
Parlant à des voyageurs, elle obtint d’eux qu’ils me laissaient passer devant eux. Je les remerciai et je me retrouvai bientôt dans la salle, la file avançait lentement. Devant un appareil pesant et mesurant les bagages à main, Sara me conseilla de vérifier dessus mon sac. Elle fit bien, je dus l’alléger et glisser le tout dans ma grande valise. Enfin devant la compagnie aérienne Delta, l’employée jeta un regard sur mon visa :
-Madame votre visa prend fin aujourd’hui, voulez-vous le rallonger ? Nous avons un bureau, vous le voyez là-bas ?
Devançant Sara, j’avais répondu :
-Merci, je veux rentrer chez moi, à qui bon rallonger le visa ?
Et à l’adresse de Sara, je lui avais dit en Arabe :
-Je ne resterai pas une seconde de plus !