12

Amina terminant ses cours, monta sur son cheval pour rentrer. Dans le royaume, le seul moyen de transport était les chevaux ou des carrioles tirées par ces derniers. Quand elle rencontra à la sortie du campus universitaire, la fille du recteur. Se saluant, les deux jeunes filles chacune sur sa monture, parlèrent de leurs études. Tout à coup Eniche Amer prit de court la princesse :

-  Cela ne te fait rien de quitter le palais, de ne plus être traité par ton rang Amina ?

-Oui. Fit simplement la princesse. Eniche comprit au son de la voix de sa camarade que celle-ci ne voulait pas en parler, elle passa à un autre sujet. Ce soir là, Amina eut un tête à tête avec son père :

-  Est-ce que la journée s’est bien passée pour toi ? S’enquit le roi.

-  Oui Dieu merci, et toi Papa ?

- Je ne m’en plains pas.

Sa fille fixa longuement ses yeux sur lui. Enfin, elle dit :

- C’est trop dur pour toi !
Il se contenta d’un sourire qui dit tout.
- Oh papa, tu es trop seul !

- Pas du tout ! Il y a Allah. Fasse seulement que tout se passe comme je le pense.

- Donc il y a une issue ? Fit le ton interrogateur Amina.

- Il y a toujours une issue à tout, ma fille.

Avant le lever du jour, le lendemain, Amina s’éveilla pour la prière de l’aube. Dans sa prière, elle implora longuement Dieu pour qu’il guide son père dans son choix.
Déjeunant très tôt avec le roi, elle revint à ses appartements, surprise ! Elle fut accueillie par sa tante maternelle Heba.

- Mais comment tu as fait pour être ici ma chère tante ?

Heba fit un geste éloquent de la main :

-  J’ai traversé deux continents pour pouvoir être là, juste avant le retrait de ton père. Comment va-t-il ?

- Très bien. Une santé de fer, et une détermination d’acier. C’est seulement cette succession qui nous tient en haleine tous.

-  Amina, si seulement il se remettait au peuple. N’a-t-il pas le droit le peuple de choisir son chef ?

- Si, mais le peuple n'a t-il pas élu les sages pour être ses représentants et guider si besoin est le roi ? Ils sont les plus intelligents, les plus savants et surtout les plus sages mais figure toi qu’ils lui ont laissés à lui la délicate mission de choisir son successeur. Répondit la jeune fille.

- Parce qu’ils ont confiance en son jugement mais voilà comment va-t-il choisir ? Notre pays est grand et ses hommes les plus qualifiées sont légion, comment va t-il procéder pour arrêter son choix ?

- Je n’en ai aucune idée. Fit tout de go Amina.

13

Le convoi du roi quitta l’enceinte du palais, composé du roi montant un étalon et deux gardes du corps l’un le devançant et l’autre venant derrière lui. Les allées très larges de la capitale permettaient aux chevaux de galoper sans trop de difficultés, les animaux entraînés à affronter une architecture qui avait respecter leurs présences en leur fournissant un sol herbeux et plat se mouvaient avec aisance. Au moment où le roi dépassait une rangée d’ormes bordant un magnifique parc pour bifurquer à droite et emprunter une voie qui menait hors de la ville, de l’autre côté venait un cavalier. Abdel Malek le regard perçant aperçu la silhouette  galopant : «  Tiens n’est ce pas le visiteur de Madas hier ? » se dit –il. Il suivit la direction que prenait le cheval de l’inconnu : «  Il va tout droit au Palais, que vient faire cet homme ? A mon retour, je dois bien savoir quelle est son affaire. » Décida le roi.
 
Dans une petite maison bâtie à l’orée d’une forêt, Sheikh Hajj Abdel Samad commençait sa leçon du hadith, ses élèves quatre, tout jeune adolescents étaient à ce point absorbés par leur leçon qu’ils n’entendirent pas les deux coups sur la porte de la salle de classe.
La voix du Hajj se tut. Etonnés, ils levèrent leurs têtes. Une personne entra, c’était le vieux domestique du sheikh, il vint tout près du vénérable  vieillard et lui chuchota dans l’oreille.

- Bien, ce sera pour après cette leçon qui se terminera bientôt avec l’aide de Dieu.

 
Le roi Abdel Malik attendit dans l’antichambre pendant une vingtaine de minute puis il fut reçu par le sheikh.

Les deux hommes se saluèrent comme deux frères et le roi éprouvait un vif plaisir à regarder son hôte. Ce dernier fit le ton quelque peu amusé :

- Drôle de destinée Abdel Malek.

Le roi fit la voix sereine :

- Je me retire l’esprit tranquille, n’est ce pas l’essentiel ?

- Certes.

On vint les servir, puis après cet intermède, les deux hommes sortirent marcher. Prenant un sentier dans la forêt, ils firent le trajet en silence. Arrivés à une clairière, le Sheikh fit halte, le roi l’imita.

- C’est ici dans cette clairière que notre petit peuple s’est converti à la nouvelle religion, l’Islam, il y a 1200 ans, ici tout a commencé.

Abdel Malik approuva de la tête.

Soudain sautant du coq à l’âne le sheikh El Hajj Abdel Nasser demanda :

- Dis-moi, durant ces derniers mois, n’as-tu pas rencontré un homme à la tête haute ?