Le yatch avait abordé au quai du Grand Palais, les Khilan décidèrent de suivre un groupe de touriste mené par un guide.

Payant à l’avance le guide un jeune homme dynamique, Ahmed Khilan lui demanda :

-Nous serons heureux de pouvoir visiter le temple de Wat Phra Kaew, communément appelé temple du Bouddha d’Emeraude.

-Il vous faudra beaucoup de temps pour le visiter, fit remarquer en anglais le jeune Thaïlandais.

-Nous sommes prêt à tout. Lui répondit Ahmed Khilan.

En se mettant à côté de son baba et mama pour commencer la visite du Grand Palais, Joumama  surveillait du coin de l’oeil Moon. Comprenant l’Anglais et le parlant couramment, elle écoutait attentivement les explications du guide.

La visite après sa première demie-heure, Ahmed Khilan interrogea sa fille:

-Es-tu fatiguée ma chérie ? Si tu veux qu’on fasse une halte, on peut le faire et toi Arwa qu’en dis-tu ?

Sa femme assura:

-Je vais bien, ce voyage m’a rendu mes forces et notre marche est agréable et si instructive.

Joumama vit ses parents la regarder guettant sa réponse:

-On continue, c’est si joli et si solennel!

-Bien, déclara Ahmed Khilan, alors on va prendre des rafraichissements, selon notre mère Aïcha la sainte épouse de notre prophète et comme elle l’a entendu de la bouche de Mohamed que la paix d’Allah soit sur lui nous pouvons boire et manger en marchant et bien entendu en veillant à la propreté des lieux.

Sitôt dit sitôt fait, Joumama décida de manger rapidement tout en veillant à ce que Moon prenne sa part de friskies qu’elle lui avait apporté dans un grand mouchoir de papier.

Une fois rassassiés, ils étaient enfin arrivés devant le temple de l’Emeraude, aussitôt devant la statue Jadéite  vénérée par les Thaïlandais et symbole de la dynastie Chakri, Joumama d’une voix basse s’adressa à son baba:

-Dis moi, est-ce que je dois porter Moon dans mes bras,  l’endroit est religieux je crois?

-Non, tu peux le laisser, il n y a aucune plaque qui avertit les visiteurs de ne pas laisser entrer les animaux.

-Bien, baba.

Contournant les touristes, Joumama s’approcha de quelques pas de la statue du Bouddha et la regarda longuement.

"Etrange, croire qu’une statue immobile sans vie qu’elle est l’incarnation de Allah, est vraiment une chose incroyable. Comment des êtres humains sensés peuvent-ils adorer une statue qu’un coup de vent peut renverser, et qui ne pourrait se lever et revenir à sa place initiale ??"

Ahmed s’aperçut soudain que sa petite fille s’attardait trop devant la statue sans accorder le moindre intérêt au magnifique décor autour d’elle.

-Joumama, qu’as-tu ?

Levant son regard chatain foncé sur son jeune père, elle fit d’une petite voix:

-Baba, Notre Créateur est invisible et nous ne le verrons qu’au jour du jugement, n’est ce pas ?

-Oui, celui qui verra Allah est parmi les bien-heureux.

-Nous ne pouvons le voir dans cette vie parce que comme tu me l’as dit notre Créateur est si beau si rayonnant que nos yeux d’humains ne pourront supporter la vive lumière de son sublime visage, c’est ce que tu m’as dit quand tu me racontais la signification de la sourate coranique As-samad, n’est-ce pas ?

-Oui ma chérie, fit le père ému.

Se retournant vers la statue de Bouddha, Joumama, chercha la main de son père, qu’il lui donna volontiers:

-Alhamdullillah baba que nous sommes croyants unitaires.

Touché, Ahmed Khilan chercha du regard sa femme qui vint au-devant d’eux, il venaient de quitter la grande salle où trônait le Bouddha.

Et spontanément, il serra contre lui sa petite fille Joumama:

-Que Allah te garde et bénie ta sagesse et ton intelligence ma petite fille. Lui dit-il.

Moon choisit cet instant pour sauter sur les jambes de sa petite maitresse, elle rit :

-Baba vois, Moon veut être lui aussi dorloter.

Ils se mirent à rire tous les trois.