Ces trois scènes se situent au premier chapitre du roman "L'île Jhelum". Le contenu du roman relate l'histoire d'une famille musulmane du Cachemire Indien dont l'ancêtre est le descendant d'un cousin paternel de l'empereur Mongole Musulman Taymourlank. La famille Dekhiran Khan a fondé en 2050 un empire technologique à partir d'une nouvelle génération d'ordinateur. Les deux cadets de la famille, Thoraya et Sadek après une formation universitaire Américaine vont devenir les patrons de la firme atlantique sur l'île Jhelum, une île imaginaire pas trop loin de l'île Nevis, celle-ci vraie, Jhelum est un nom vrai aussi et désigne un fleuve au Cachemire Indien.
Garant sa Ford Evos sport à la va vite, Kevin Hanks mit pied à terre en colère contre lui-même, il était en retard, ce cours était l'un des plus importants du semestre et le voilà à cause d'une course, en train de manquer la première moitié. Le pr Ronald Anger allait certainement l'épingler et il n'avait rien à lui opposer. Un regard à sa montre, il compris qu'il devait battre tous les records pour être à la salle n° 12, il songea tout à coup à un raccourci. "C'est risqué, en passant par le quartier des filles, je peux être vu et sévèrement puni, et pourtant je n'ai pas le choix, je dois y aller."
Il prit une allée déserte et se mettant à courir, il se dirigea vers le périmètre réservé aux jeunes filles pensionnaires de l’université Catholique Saint John de New York. Il priait Dieu pour ne pas rencontrer sur son parcours une étudiante. Au détour d'un bâtiment, il traversa une grande pelouse au milieu duquel trônait un majestueux chêne. En passant dessous, il aperçut dans un éclair des petits souliers suspendus en l'air, un tissu bouffant retombant dessus, il devait terminer son sprint, la solution du mystère des souliers de Cendrillon serait pour un autre jour. Arrivé à temps, il pénétra à la suite de quelques jeunes étudiants, tout de suite derrière eux apparut le pr Anger, il remarqua l'air essoufflé de Kevin Hanks, il n'en dit rien.
En s'asseyant, Kevin eut la vision de l'arbre de tout à l'heure, il la chassa. Il devait se concentrer sur la conférence de Ronald Anger, il avait assumé un gros risque pour cela.
Comme à son habitude, leur professeur conférencier en jurisprudence constitutionnelle commença son intervention par une anecdote, une façon de détendre l'atmosphère, respecté pour cela , il pouvait se targuer d'avoir l'attention de tout l'amphithéâtre.
Durant l'heure et demi que dura la conférence, Kevin avait l'esprit braqué sur le contenu, dés que Ronald Anger se tut, il repensa aux petits pieds et le pantalon bouffon, il était mécontent "Qu'est ce qui me prend tout à coup ? Suis -je homme à avoir l'esprit occupé par une femme ?"
Il ne l'était pas, Kevin Hanks à l'encontre de ses camarades était un garçon solitaire, il n'avait qu'un seul ami Steve Part. Détestant la compagnie des filles qui raffolait de lui, il observait une attitude strictement distante à leurs envers, souvent plaisanté sur ce trait de caractère par Steve il répondait impertubable :
-Ecoute , je suis un catholique pratiquant et dans ma famille les filles sont des êtres humains à part entière et pas des objets de sexe!
Le jeune homme avait une sainte horreur des excès de la liberté individuelle dans une société Américaine en perte de vitesse :
-Dis donc tu vas rester longtemps assis, Anger est parti et les autres aussi, n'as-tu pas faim ? Fit une voix impatiente, c'était Steve Part.
Se levant, il dit :
-Si, viens c'est moi qui t'invite à déjeuner aujourd'hui. Dit le ton résolu le jeune homme.
-Où va t-on ?
-C'est tout prés d'ici.
L'autre ne discuta pas, suivant son ami au parking, il monta dans la voiture sport de Hanks. Dix minutes plus tard, ils s'attablaient tout deux dans un restaurant qui poussa son ami à faire un commentaire :
- Eh bien c'est la première fois que je déjeune dans un restaurant aussi select, tu ne vas pas de main morte toi, le Balthazar restaurant!
-Ici, je peux réfléchir à loisir et ensuite tu sais que je déteste prendre une de ces pizzas dans un de ces MC Donald de fou.
-Eh bien ! fils de capitaliste riche, tu oses insulter l'un des symboles du capitalisme Américain. Repartit pince sans rire Part.
- Ecoute, j'ai besoin de ton silence, mange bouche close. Répliqua Hanks, en son for intérieur il pensait au moyen de connaitre l'identité de la personne aux petits souliers ."C'est bizarre, j'ai beau repousser cette idée, elle revient en force, décidemment cette personne peut se féliciter d'avoir réussi à attirer mon attention." Il n'était plus en colère contre lui, il se sentait inexplicablement crispé, comme sur le point de découvrir un monde dont il ne soupçonnait pas encore l'existence.
Vanessa Ogard traversait le parking pour se rendre de l'autre côté de l’avenue Benjamin Franklin quand elle vit se dresser non loin d'elle Kevin Hanks. Elle ne le connaissait pas, elle passa sans s'arrêter :
-Mademoiselle, je vous prie. L'appela t-il.
Surprise, elle se tourna vers lui :
- Vous vous adressez à moi ?
-Oui.
-Mais je ne vous connais pas. Fit -elle le ton directe.
-En effet.
-Navrée, je n'ai pas de temps à perdre .Lui répondit-elle en reprenant la marche.
-Une minute, moi par contre je vous connais.
Elle s'immobilisa à nouveau, regardant de face le jeune homme, elle fit d'un ton de défi :
-Comment je m'appelle ?
-Vanessa Ogard, l’unique amie de Thoraya Dekhiran Khan.
-Eh bien, monsieur vous êtes bien informé ! Que me voulez-vous ?
-A vous rien, à votre amie oui.
L'air farouche, elle fit :
- Thoraya est une sainte, ce n'est pas le genre de personne que quelqu'un comme vous cherche.
L'air peiné, il fit :
-Je ne suis pas un de ces garçons dévergondés, je me nomme Kevin Hanks ...
Elle l'interrompit :
-Oh c'est vous Kevin Hanks!
-Tiens ! Vous me connaissez !
-De vue non, de réputation oui ! Vous êtes célèbre sur le campus pour être le jeune homme le plus prude. Répliqua t-elle, le devançant, elle reprit :
-Que voulez-vous à Thoraya ?
-Je veux la connaitre, je suis sincère Vanessa Ogard, je veux juste la connaitre, pouvoir lui parler.
-Pourquoi elle précisément ?
- Parce que j'ai comme une idée qu'elle doit me ressembler.
La jeune fille demeura songeuse à cette réponse, elle s'anima bientôt :
-Sachez alors que si elle vous ressemble, c'est très peu. Thoraya est une musulmane pas comme ses coreligionnaires ! Pour moi son amie la plus proche, elle est une énigme alors que dire pour vous ?
-Je vous en prie aidez moi. Parlez lui de ma volonté de nouer une relation d'amitié solide avec elle ?
Vanessa se mit à rire malgré elle, désarçonné, il fit :
-Qu'ai je dit d'amusant ?
- Kevin Hanks un conseil de ma part, renoncez à toute tentative de la connaître, et pour votre information, en Islam, il n'y as pas d'amitié entre un homme et une femme sauf s’ils sont mari et femme et mon amie Thoraya se conforme strictement aux commandements de sa religion.
-Essayez malgré tout, s’il vous plaît ? L’implora Hanks, elle se tint silencieuse quelques instants puis lui lança tout à coup :
-Je verrais ce que je pourrais faire, mais je ne promets rien, au revoir.
Et d'un pas rapide, elle s'en alla.
Steve Part fit le ton médusé :-Tu n'as pas l'intention de venir ?
-Non.
-Voyons tu plaisantes ?
-Pas du tout, je ne peux vraiment pas assister à ce cours.
-Que se passe t-il ?
-Je ne peux pas t'expliquer c'est trop long, à demain donc.
Part comprit que faisant recours à un subterfuge son ami avait affaire ailleurs "Mais où?" Se demanda t-il. Il était tenté de le suivre à son insu cependant il ne devait pas manquer le cours tous les deux "Tôt ou tard, je le saurais"Pensa t-il.
Thoraya Dekhiran Khan traversant la chaussée se sentait heureuse. En ce vendredi ensoleillé, il faisait bon de marcher, elle devait d'un moment à l'autre retrouver Sadek à quelque pas de la mosquée Al-Nasr.
Son frère cadet tardait, elle décida d'entrer dans le lieu de culte, soudain un jeune homme de race blanche vint se mettre au travers de son chemin :
-Miss Dekhiran Khan, je vous prie ?
Stupéfaite, elle ne répondit pas, elle ne parlait jamais aux inconnus. Celui-ci haussa la voix :
-Une minute miss.
L'air calme, elle continua de marcher :
-Je dois vous parler, c'est moi Kevin Hanks, Vanessa Ogard doit vous avoir parlé de moi.
"Eh bien quel audace ! "Se dit-elle , elle hâta le pas :
-Prenez la peine de m'entendre, mes intentions sont bonnes .
"Où est Sadek ? Il m'aurait débarrassé de cet importun."Grimpant les marches, elle fit mine de passer sous l'arcade de l'entrée :
-Je vous en prie, accordez moi une minute pas plus. S’exclama derrière elle le jeune homme resté sur le trottoir. Elle fit la sourde oreille et dépassa le seuil devant un groupe de fidèle.
"Je dois pouvoir lui parler mon Dieu mais comment ?"Songea Kevin revenant sur ses pas, il passa devant sa voiture sans l'apercevoir "Je suis assez intelligent pour trouver un moyen."
Il résolut de l'attendre à sa sortie de mosquée. Le temps lui parut interminable, une heure trente plus tard les fidèles commencaient à quitter le lieu de culte, debout il épiait le mouvement des musulmans, bientôt il fut intrigué par un jeune homme venu se mettre à ses côtés, semblant lui aussi attendre quelqu'un. A sa grande confusion, il constata que celui-ci à l'apparition de Thoraya s'était approchée d'elle, il lui parla dans une langue inconnue :
-Il y a un air de parenté entre eux, qui cela peut être ? Se demanda t-il.
Sans montrer de la main le jeune Américain, Thoraya fit en ourdou à son frère :
-Cet homme debout devant le distributeur de coca, m'a accosté avant la prière, il connait mon nom alors que je ne le connais pas.
Sadek Thekiran Khan fit :
-Es-tu sûre de ne pas le connaître ?
-Non, c'est un inconnu pour moi.
-Tu veux que j'aille lui demander le comment de son comportement ?
-Non, d'ailleurs il s'en va, ouf!
Amusé, Sadek plaisanta sa soeur :
-Eh bien ! Je ne savais pas qu'un jeune inconnu te met dans un pareil état.
Celle-ci le visage tout à fait sérieux, fit:
-Sadek oublies-tu nos commandements ?
-Non, je ne les oublie pas seulement tu aurais pu lui répondre et savoir ce qu'il veut, tu m'as dit qu'il connait ton nom.
-En effet et puis pourquoi dois-je lui répondre ? Que me veut-il?
-Je ne le sais pas, il faudrait que tu lui poses la question d'abord. Répliqua le ton léger son frère.
Contenant sa colère, elle fit en se dirigeant vers leur voiture :
-Il n'est pas question que je le revoie et même si cela se produira, certainement je ne le lui demanderai pas.
Il avait envie de plaisanter sa soeur, mais il du se retenir. Elle était furieuse et quand elle l'était, il valait mieux faire profil bas.
En s'asseyant près de lui et en mettant sa ceinture de sécurité, elle jeta un regard sévère sur Sadek :
-Désolé petit frère mais tu ne dois oublier à aucun prix ceci : moi et toi sommes musulmans dans un pays super développé mais mécréant, nous devons respecter notre code moral sans faille.
Le jeune Cachemirien se contenta de hocher la tête en silence, en usant du terme "petit frère " sa soeur lui signifiait clairement qu'elle ne tolérerait aucune objection de sa part.