A nouveau, elle la remit par terre. De la voir aplati, d’une maigreur effrayante et l’air au delà de l’épuisement, la peinait. Elle restait près d’elle des heures, à épier la moindre amélioration. Avant Naja, se déplaçait d’un bout à l’autre du jardin, cherchant l’ombre des arbres fruitiers, à présent, la chatte immobile, ne remuait pas et respirait péniblement. Le coeur serré, Founa souffrait, de voir ainsi Naja, elle qui était née sous sa garde, la première fois où elle avait jouée, c’était avec Naja. Elle avait partagé avec elle tant d’aventure, qu’il lui coûtait de ne pouvoir rien faire sauf lui ingurgiter de force médicament et vitamine qui n’avait donné jusque là aucun résultat.
-Je dois appeler le vétérinaire, se dit la petite fille. Se saisissant du portable de sa maman, elle composa le numéro et attendit :
-Oui, je sais Founa, pas d’amélioration, pourtant je t’ai dit qu’il faut de la patience. Naja est très vieille, sa guérison prendra beaucoup de temps. Fit médecin des animaux.
-Cela lui fait très mal et les médicaments n’ont pas d’effet et maintenant, elle se traîne difficilement, n’ y a t-il pas une autre solution ?
-Si, une opération de lavage de l’estomac, cependant elle est très faible et très âgée et ne pourra supporter l’anesthésie, expliqua le vétérinaire, le risque est grand.
Force fut pour Founa de raccrocher sans être avancé.
Ce soir-là, elle discuta longuement avec son père :
-Baba, s’il y a une chance de sauver Naja pourquoi ne pas tenter notre chance, commença t-elle, il lui faut d’urgence une opération.
-Je ne dirais pas non, Founa seulement tu dois assumer les conséquences de ladite opération, notre chatte peut mourir. Lui répondit son père. Un silence triste se fit, d’une voix la voulant ferme, Founa fit :
-De la voir souffrir est insupportable, il lui faut l’opération et le plus vite possible.
-Bien, ma chérie, demain tu emporteras avec maman Naja chez le vétérinaire et suivez ses instructions.
Une fois chez le vétérinaire, il examina à nouveau Naja :
-Bien, elle reste en observation si d’ici demain matin, elle ne s’améliore pas, je passerai à l’opération, bien entendu je vous préviens auparavant.
Founa repartie avec sa maman non sans avoir caressé longuement la vieille chatte dans son panier.
La journée s’écoula lentement. Founa accompagna son frère à vélo et revinrent tout deux pour le goûter. Et plein d’espérance se mirent à nettoyer la maison de la chatte, en aérant son gros coussin et en renouvelant eau et nourriture. Adel sachant les soucis de sa cadette l’invita à une partie de glace. Le lendemain, Founa était au plus près du portable de sa mère, chaque appel la faisait sursauter. Enfin, la voix du vétérinaire se fit entendre :
-Je dois pratiquer dans une demi heure l’opération.
-Nous allons venir, se contenta de dire la maman de Founa.
Avant de gagner le cabinet du vétérinaire, Founa constata l’apparition d’un grand chat aux yeux vert, il rôdait autour du gîte de Naja “Ah ! Non, ce n’est pas ton coin et tu n’es pas le bienvenue!” Lui dit-elle avec force geste.
Dans la salle d’attente, Founa assise avait eu le temps de voir Naja avant l’anesthésie.
Naja pourra-t-elle résister ou non ? Elle n’osait pas le demander à Madame Khilan. Adel était là aussi, il avait pitié de sa soeur, il ne savait pourquoi mais il n’était pas optimiste. Ils n’eurent pas longtemps à attendre et à la vue du vétérinaire, Founa compris tout. Elle éclata en sanglot et retrouva les bras de sa mère.
-Naja ne souffre plus maintenant, elle est au paradis.
Sachant, qu’elle ne reverra plus Naja vivante, Founa laissa à Adel le soin de reprendre le cadavre de la chatte.
A la maison, la maman glissa le corps de Naja dans un petit linceul et demanda à sa fille :
-Où veux-tu qu’on l’enterre ?
-Près du citronnier, elle aimait bien son ombre et le parfum de ses fruits, fit le ton douloureux Founa.
Une fois la chose faite, Adel proposa :
-Veux-tu qu’on coure à la plage ?
-Non, fit-elle simplement.
Revenant vers la maison de Naja, Founa ahurie vit que le chat aux yeux verts s’était installé là. Elle le contempla longuement. Se levant, il vint vers elle, cherchant sa main, elle passa ses doigts dans sa fourrure épaisse, sa couleur de feu était nouvelle pour elle. Comprenant sa détresse, le chat se pressa contre elle, elle étouffa un sanglot :
-Eh bien ! Voilà tu es là, tu restes. Naja est partie et toi tu arrives et moi j’ai besoin de toi !