De retour à Gaza City, le lieutenant-colonel Eagle tint à discuter avec Jim Gray du parcours à suivre jusqu’à la résidence de Safir Kayssar.

-Il est vital pour nous de tenir secrète cette entrevue, aucun des agents de sécurité Palestinien ne doit pouvoir connaître votre route, fit le haut militaire en se penchant sur une carte électronique de la région.

-C’est pourquoi, j’ai pensé au grand bazar de la ville, la circulation est si intense là, que nous pouvons semer nos poursuivants sans grande difficulté, fit le ton ferme Gray.

-Je devrais en ce cas là descendre, entrer et ressortir pour vous retrouver à un endroit donné, dit la jeune femme.

-Non, ce ne sera pas nécessaire, répliqua son garde du corps, car je ferais en sorte de disparaître dans une de ses ruelles étroites pour réapparaitre non loin d’une impasse. Là se trouve, une intersection de route importante. En prenant à droite, nous aboutirons à une nationale, mais nous ne devrons pas l’emprunter longtemps, il faut rouler en pleine campagne.

-Bien, on te fait confiance Jim, fit Ian Eagle, grâce au FS ( Far Sound, puce d’écoute) Khorfaï, nous allons rester en contact constamment.

Peu après, la Ford Explorer traversait tranquillement la ville, un œil sur le rétroviseur Jim surveillait une Datsun bleu derrière eux, qui les avait rejoint cinq minutes après qu’ils eurent quitter l’enceinte de la représentation diplomatique Américaine. Il tourna dans une rue qui menait au bazar de la ville, c’était virtuellement le seul endroit possible où il pouvait fausser compagnie au service de sécurité palestinien.

Ayant atteint un enchevetrement de ruelle, Gray un regard à sa droite, vit l'impasse, une camionette de livraison s'apprêtant à fermer l'accés, il dut accélerer pour se faufiler entre plusieurs voitures, à un moment Khorfaï crut qu'il allait se ranger tout au long du trottoir qui longeait le portail arrière du Bazar, il n'en fut rien. Le chauffeur de la Datsun derrière eux ne . comprenait pas où voulait en venir Gray. Le 4X4 des Américains disparut du regard des palestiniens quelques minutes, au moment où ceux-ci se dégageaient de l’encombrement pour reprendre leur filature, ils constatèrent stupéfaits qu'ils avaient été semés ! Nul part, ils n’aperçurent  la Ford Explorer. 

-          Au même moment Gray et Khorfaï avaient atteint les faubourgs de la ville, s’engageant dans une autoroute, il redoubla de vitesse :

-          - Ainsi, ils auront moins de chance de nous rattraper. Fit l’Américain.

-Au plus fort de la course la jeune femme ferma les yeux et les rouvrit à l’instant où leur véhicule déviait à gauche pour s’attaquer à un embranchement de route qui les mena vers une piste de campagne. Cramponnée à son siège, elle pensait à l’entrevue qu’elle allait avoir avec Kayssar. Elle devrait être inflexible et devrait garder son opinion du triste personnage pour elle-même. Amal avait appris après six années d’exercice dans l’administration américaine  à observer une certaine distance entre ses convictions profondes et la nature des décisions qu’elle devait défendre au niveau de son poste. Elle avait grimpé les échelons en respectant rigoureusement les instructions dont elle était chargée d’appliquer sur le terrain. Jamais son propre jugement n’interférait  dans son exécution des directives, Amal croyait sincèrement que le moment où ses prises de position seraient pris au sérieux par ses supérieur n’avait pas encore sonné. Actuellement , elle devait assumer son devoir et s’en tenir à cette attitude positive qui

-l’avait servie jusque là. Nécessairement, un jour viendra où l’administration Américaine devra faire la part des choses sans être obligés en quoi que ce soit envers leur insupportable allié Israël .

-Dans le vent de la course le bip bip du portable s’éleva. Amal décrocha, elle avait en ligne Reyvins :

-         

-- Khorfaï je sais que l’entrevue en question sera très pénible, éprouvante pour une personne comme vous, et je sais aussi que je puis me remettre à vous à ce sujet. Pas question de céder, ils doivent savoir que nous ne leur ferons aucune concession !  

- C’est ok. Fit-elle simplement

Anthony Reyvins venait de lui donner carte blanche, à elle de manoeuvrer intelligement pour faire aboutir son entreprise.

Jim Gray prés d’elle roulait à présent sur une piste de sable à cinq cent mètres du littoral de Gaza ,l’air impassible derrière son volant, il réduisit la vitesse.    

- Savez-vous ce à quoi je pense maintenant ? Dit-il tout à coup .

- Non .Fit-elle.

- Que direz-vous à ces messieurs de la sécurité palestinienne, s’ils viennent à vous interroger sur votre escapade de fin de matinée ?

 - Je dénicherai une réponse d’ici là.

- Moi, j’en ai une toute prête. Fit-il dans un demi-sourire.

- Je vous écoute. Fit-elle curieuse.

- Vous aviez besoin  d’un moment de détente  que vous avez passé à vous promener sur la plage. A cinq km de la résidence Kayssar, il y a la mer. Je vous y conduirai, histoire de brouiller encore les pistes.

Effarée, la jeune femme dit :

- C’est un bon subterfuge Gray, mais je n’y souscris pas. Il me reste un rendez-vous avec Ralph Berrin, n’oubliez pas.

Un large sourire détendit le visage de son garde du corps :

- Avez-vous le choix ? Quelle autre excuse allez-vous imaginez ? Je puis vous affirmer qu’on ne s’attardera pas sur la plage. Interrompre le programme une quarantaine de minute n’est pas méchant, ici c’est moi le maître  à bord, vous me devez obéissance.

La jeune femme l'air soudain grave, fit :

:- J’ai à vous demander une chose .

- Qu’est ce que c’est ?

- A la résidence Kayssar ne me quittez pas d’une semelle, le monsieur devrait nous recevoir et me parler en votre présence sinon ce ne sera pas la peine .Expliquat-elle .

- Ok, sans problème .

Devant le silence de sa passagère, il fit remarquer l’air intrigué :

- Que redoutez-vous au juste ?

- Rien .Dit-elle . Simplement j’aimerais être sur mes gardes .

Une dizaine de minutes précédèrent l’entrée du véhicule dans le périmètre du domaine Kayssar, le faux palestinien debout derrière les grilles marcha vers la Ford. La jeune femme suivit de Gray, découvrit l’agent du Shabak, elle avait en face d’elle un homme à la taille d’un athlète, brun, les yeux relevés de sourcils broussailleux. L’homme correspondait au type arabe. Il fit un geste revêche en voyant Gray leur emboîter le pas :

- C’est votre garde du corps, ce n’est pas votre collaborateur. Fit-il agacé.

- Il restera avec moi ou bien je m’en vais. Ripostat-elle en joignant le geste à la parole.

L’Israélien joua l’apaisement :

- Qu’il reste bien sûr en faisant le sourd, ce que j’ai à vous dire ne regarde que nous deux.

Sèchement, Gray riposta :

- Vous n’aviez pas besoin de le dire.

Ignorant sa remarque Kayssar lui tourna le dos, il jaugeait du regard cette musulmane américaine pratiquante. Son apparence vestimentaire produisit sur lui une fâcheuse impression : « Avec ce genre de personne, la partie est impossible.» Pensat-il, et puis il redoutait encore plus le coup d’œil que lui avait jeté la jeune femme en descendant du véhicule. Son regard bleu l’avait dépecé en une seconde ,il dut parler :

- Venez on va se promener dans le domaine, je n’ai pas confiance dans le président qui a une obsession de truffer les demeures de ses amis d’écoute.