Le premier magistrat de Deir Ezzour et le chef de la police échangèrent un regard où se lisait une crainte mêlée à des tourments.

Devinant leur état d'âme, Habil fit lentement :

-A vous de choisir entre une insurrection qui vous feras perdre vos postes ou un état de fait qui fait que la population se prend en charge politiquement et économiquement.

Le ton le voulant arrogant le premier magistrat de la grande ville répliqua :

-Et qui vous dit que si nous ne vous accordons pas votre prise de pouvoir...

Le ton sec Habil interrompit le juriste :

-Aucune prise de pouvoir de ma part, je suis ici juste le temps de voir la paix et la prospérité s'installer sous un ordre nouveau pas plus donc je vous prie cessons de nous menacer les uns les autres, c'est votre sort qui se décide maintenant ! En arrivant, j'ai bien constaté que votre police était incapable de contrôler la colère des citadins, votre système s'est écroulé avec les premières protestations pacifiques  et votre répression a conduit tout le pays à la guerre et à la ruine, je ne dirais pas plus.

Ecarquillant les yeux les deux représentants du pouvoir central à Damas, ne dirent mot. Puis se tournant vers Habil, ils constatèrent son départ.

Dans l'artère principal de la ville à nouveau, Habil vit un homme venir vers lui. Il s'immoblisa. Le saluant, l'inconnu annonça :

-Votre cheval gênait la circulation, je l'ai mené vers un pré situé non loin de mes bureaux, venez je dois vous parler, les différents syndicats de la ville et toute la région, m'ont délégués auprès de vous.

Habil eut un sourire car son cheval blanc avait surgi à cet instant au détour d'un boulevard et  le rejoignit au petit trot.